Ces derniers mois, le marché de l’automobile en Europe est devenu synonyme d’une division économique relativement binaire du Vieux Continent qui, à certains égards, n’est pas sans rappeler un petit air (glacé) de Guerre froide. Les résultats extrêmement positifs du marché intérieur de l’Union Européenne viennent ainsi contraster avec la débâcle historique que connait (ou plutôt subit) le marché automobile russe, en partie due aux restrictions draconiennes imposées par Bruxelles en réaction à la crise ukrainienne, qui ne font cependant pas l’unanimité, y compris dans le camp de l’UE.
État des lieux.
Une belle progression du marché intérieur de l’U.E.
Juillet représentait, selon l’Association des constructeurs européens d’automobiles, le onzième mois consécutif d’amélioration pour le marché automobile européen, soit une belle progression post crise économique qui a de quoi redonner espoir aux constructeurs. Chez les marques françaises, Peugeot se taille la part du lion avec une belle progression de 3,4% de ses ventes, tandis que son alter ego Citroën augmente les siennes de 2,7% mais c’est cependant la marque au losange qui tire le mieux son épingle du jeu avec une augmentation record de 23,9% de ses ventes (en partie grâce à sa filiale low-cost Dacia).
Les marques allemandes, fidèles à la célèbre « Deutsche Qualität », s’en sortent également très bien, avec une hausse des ventes de 2,5% pour le groupe Volkswagen et de 4,6% pour le constructeur bavarois BMW. Le marché automobile européen serait-il donc devenu un meilleur placement que le Forex ?
Un effondrement alarmant du marché russe
Ces chiffres devraient faire pâlir d’envie voire de jalousie les Russes. En effet, le marché automobile de l’ex puissance soviétique connait a contrario l’un de ses plus bas niveaux historiques avec une vente de véhicules en recul net de 23% par rapport à juillet dernier (et de 17% en juin par rapport à juin 2013). Le cercle vicieux semble donc s’intensifier pour Moscou, ce qu’a confirmé à l’AFP l’analyste du marché automobile russe Vladimir Bespalow en des termes plus qu’explicites : « Je m’attendais à de mauvais chiffres, mais pas à ce point ».
Seule ombre au tableau, mais de taille : l’interconnexion des marchés ouest et est européens. En effet, la plupart des grands constructeurs automobiles français, allemands mais aussi japonais s’étant lancés à l’assaut du marché russe, ses mauvaises performances économiques ont donc également un impact négatif sur leur chiffre d’affaires. Ainsi, les ventes de la marque Toyota (allié à l’allemand BMW), décrite comme leader mondial des ventes 2014 dans le classement du site Tirendo.fr, ont reculé de 11% en Russie tandis que la chute est encore plus vertigineuse pour PSA (respectivement -48% et -49% pour Peugeot et Citroën).
La diplomatie économique de la nouvelle Commission européenne pourra peut-être infléchir cette tendance…